La récolte de l'argile
La première étape de la réalisation des statues chez les Dokras commence par la récolte de l'argile : c'est un des composants essentiels du processus de fabrication. L'argile est abondante, facile à récolter, disponible pour tous et elle possède des caractéristiques techniques idéales : légèreté, malléabilité, résistance au feu … Cependant elle ne peut être utilisée telle quelle car elle manque d'élasticité, se fend au séchage, lors de la cuisson. Les Dokras ont donc compris depuis des millénaires qu'il fallait lui ajouter quelques « ingrédients » pour la rendre adéquate au modelage des statues.
Les balles de riz
Une fois l'argile récoltée et séchée, celle ci est mélangée avec des balles de riz et de l'eau : les balles proviennent du décorticage du riz. Après récolte, les grains de riz sont battus avec un fléau pour séparer l'enveloppe extérieure, la balle de riz, du grain. Cette balle de riz est utilisée en Inde pour de nombreux usages car elle est imputrescible et inattaquable par les insectes : litières dans les étables, paillis … mais aussi combustible. Ce mélange va permettre à l'argile d'éviter de se fendre au séchage.
Le modelage en argile de la statue
Commence alors le travail de l'artiste Dokra qui va pouvoir façonner un modelage grossier de sa statue à partir ce mélange : la forme apparaît au yeux du néophyte assez loin du résultat final. Mais ce sera une base de travail primordiale : lors de cette étape, la dextérité de l'artiste commence à se révéler car cette forme va déterminer la taille, les proportions, l'équilibre global de la future statue. Le modelage est alors mis à sécher une journée par temps sec (c'est différent lors de la mousson).
Nécessité de plusieurs couches pour un parfait coulage de la statue
La seconde étape consiste à réaliser un nouveau mélange à base de limon ou sable de rivière préalablement filtré, avec de la bouse de vache et de l'eau : ce mélange possède une granulométrie beaucoup plus fine que le précédent : il va à la fois permettre d'obtenir une surface de travail beaucoup plus lisse et un meilleur écoulement de la cire lors de l'étape dite de la « cire perdue » : il est très important, lorsque la cire s'écoule à l'extérieur du moule en argile, qu'il ne reste aucune impureté avant le coulage du métal. Cette préparation va donc permettre de réduire au maximum les aspérités, les petites anfractuosités, déformations liées au séchage de l'argile. Une fois séché, une journée à nouveau, le modelage est poncé au papier de verre très fin.
La troisième étape consiste à appliquer sur ce modelage un nouveau mélange réalisé à partir de limon et de feuilles préalablement concassées et broyées afin d'en extraire leur sève : l'objectif, une fois encore, étant de faciliter l'écoulement de la cire. Un jour de séchage supplémentaire est alors nécessaire.
La préparation de l'argile, des mélanges limon, sable de rivière, bouse de vache, décoction de feuilles varie légèrement suivant les régions, suivant la proximité d'une rivière ou d'un lac, des essences végétales... mais globalement le processus est le même au Chattisgarh, en Odisha, dans le Madya Pradesh ou dans l'ouest Bengale…
Les statues Dokra : un travail de famille
L'ensemble de la famille participe, chacun en fonction des ses capacités, de ses possibilités. Les enfants sont rapidement imprégnés et apprennent d'autant plus facilement qu'ils ont commencés tôt même si aujourd'hui beaucoup d'entre eux vont à l'école et ne poursuivront pas la tradition Dokra.