Krishna, l’incarnation de l’amour et de la dévotion : Krishna est le 8ème et le plus connu des avatars de Vishnou, il est lui même vénéré comme un dieu à part entière. Il personnifie l'absolu mais surtout il est l'incarnation de l'Amour, c'est le dieu de la Bhakti par excellence.
Krishna : incarnation de l’amour
A travers Krishna, la notion de dévotion (Bakhti provient de Bhaj, partager) prend une place essentielle dans l’hindouisme (concept apparu essentiellement dans la Bhagavad-Gitâ, texte écrit entre le Ve et le IIe siècle av. J.-C, voire au Ier siècle av. J.-C) en tant que chemin à part entière dans la recherche de l’absolu.
Il n’occulte pas les autres voies traditionnelles, tel Jnana Yoga (la voie de la connaissance), le Karma Yoga (voie de l’action « juste »), le Rajâ Yoga… mais vient les compléter et permettre une approche totalement fondée sur le cœur. Le disciple ou Bhagavant, celui qui adore, qui se fond dans le divin va cheminer avec l’amour qu’il porte à son Ishta Devata (divinité d‘élection que chaque Hindou choisi, et dans ce cas principalement Vishnou ou bien sur Krishna) : cet amour profond et total (communion, être un avec) va lui permettre de dépasser l’identification à l’égo soit le sens de la séparation. Cette voie est accessible à tout un chacun, elle ne demande pas d’études longues, de prédispositions intellectuelles ou physiques (pas de pratiques ascétiques…) la pratique quotidienne peut être très simple : des chants, des psalmodies de mantras, de noms de divinités….
Histoire de Krishna
Krishna : enfance et adolescence
Kamsa, cruel roi de Mathura, assassinait tous les enfants de sa sœur Devakî, car il lui fut prédit que l'un d'eux le tuerait. Mais, le temps voulu, Vishnou permit à Krishna de naître, loin du palais et il passa une enfance heureuse parmi les bouviers. Pour échapper à Kamsa, Krishna et ses parents se réfugièrent dans la forêt de Vrindavan. Enfant Krishna est célèbre pour sa force, sa malice et son charme. Il vainquit maints démons et Dieux.
Il est alors nommé Bala Krishna, enfant potelé, heureux, et peut être représenté tenant dans sa main droite une boule de beurre volé à sa maman. Bala Krishna représente la jeunesse, la vitalité, la joie et bien sur la passion, l’amour.
Adolescent, Krishna est connu pour ses talents de joueur de flûte et comme séducteur des jolies bergères, les fameuses Gopî qui tombèrent follement amoureuses de lui.
Finalement Krishna tua Kamsa et devint roi de Dvârkâ.
L’histoire de Krishna est un enseignement transmis sous une forme de récit accessible au plus grand nombre mais elle comprend nombres de symboles éminemment ésotériques : Krishna doit s’incarner dans une famille profane, il vit au milieu de bouviers, gardiens de vaches, l’animal sacré par excellence en Inde, les démons représentent les obstacles, l’ignorance, les peurs, la paresse, la vanité… à franchir sur le chemin, les gopis incarnent les multiples formes de l’énergie féminine, de tous les dévots mais aussi celles du savoir (Gopal-Purvâ-Tapini Upanishad) et leur union à Krishna symbolisent l’Union entre le pole féminin et masculin soit la réalisation de l’absolu.
Les gopis doivent se présenter nues devant Krishna, symboliquement il s’agit d’abandonner ses croyances, ses anciens modes de vies (habitudes, opinions….), lui faire confiance et se donner entièrement à lui, tel le fidèle qui se voue à l’adoration de son Ishta Devata. L’appel de Krishna est symbolisé par la flûte, son chant envoûtant est irrésistible pour tous les appelés ! Seul le dépouillement total permet l’union au divin.
Krishna : Roi de Dvâkarâ
Le Mahâbhârata est un long récit épique dont l’un des livres est la Bhagavad-Gitâ, le chant divin : il raconte la guerre entre deux familles, les cousins de Krishna : les Pandava et les Kaurava. A la suite de nombreuses péripéties, ruses, jalousies… les Kaurava et son roi Durydhana s’emparèrent du royaume des Pandava. Une guerre s’ensuivit où chaque clan demanda l’aide de Krishna ; celui, ne pouvant choisir entre les deux ennemis proposa à chacun d’eux son aide : sa présence, seul et désarmé soit son armée. Les Kaurava choisirent l’armée tandis qu’Arjuna, des Pandava préféra Krishna.
Krishna prend le rôle de conducteur du char d’Arjuna : à cette occasion, il va être le Guru d’Arjuna, lui transmettre l’enseignement spirituel tout en lui révélant sa vraie nature divine.
Arjuna est empli de profonds doutes à l’idée de faire la guerre, de répandre le sang, surtout celui de sa propre famille. La réponse de Krishna apporte une dimension verticale : importance de l’action juste (du svadharma, le dharma de chacun, de l’ordre), de jouer la partition que la vie nous propose, à savoir pour Arjuna celle du guerrier (caste à laquelle il appartient) mais surtout relativité de la forme manifestée par rapport à l’Atman, l’absolu.
« Ce qui est immuable, nul ne saurait en provoquer la destruction » (Chant II, 17), et pour appuyer son raisonnement Krishna dévoile sa nature véritable, divine, à Arjuna.
A cette occasion, Krishna expose le chemin de la Bhakti qui tout en s’insérant dans la tradition hindouiste propose une nouvelle voie basée sur l’adoration, l’amour et le total dépouillement ainsi que la remise de son destin entre les mains divines, incarnées par Krishna.
Le culte de Krishna
Tout comme les divinités primordiales de l’hindouisme (tel Shiva, Vishnou et leur Shakti, Ganesh...), Krishna est vénéré sous différentes formes par les fidèles en fonction de leur propres affinités :
Balakrishna, le petit enfant, Gopala, le bouvier, le joueur de flûte, Râdharâmana, l’amant de Râdhâ ou bien Sârathi, le guru d’Arjuna.
Krishna, en peinture, est représenté avec la peau sombre, sa ville sacrée est Mathura.
Les rites varient d’une région à l’autre, en fonction de la manifestation vénérée mais dans l’ensemble les pûjâ présentent les mêmes formes : lectures de textes sacrés, chants, offrandes.
Une des caractéristiques des dévots de Krishna est l’importance donnée à l’intimité et la tendresse qui les unit : de même, leur dévotion peut prendre des formes très extraverties : force de l’expression dans les chants, les parures, les danses… qui conduit à l’extase. Ces « fous de Dieu » peuvent tout quitter, partir sur les routes et consacrer leur vie à Krishna.
Bibliographie
Sarah Combe : Un et Multiple
Catherine Clément : Promenade avec les dieux de l’Inde
Alain Daniélou : Mythes et Dieux de l’Inde
Eva Rudy Janssen : Iconographie de l’Hindouisme