Aujourd'hui encore, les Dokras habitent pour une large part à proximité ou au cœur de la forêt et vivent en harmonie avec la nature, utilisant ses ressources sans les surexploiter ni les détruire.
La préparation de la cire est essentielle pour la qualité de réalisation de la statue
Ils n'élèvent pas d'abeilles mais utilisent la cire d'essaims sauvages. Une fois récoltée, la cire est séchée puis concassée et réduite en poudre. Seule elle est trop fragile, cassante, elle ne peut être utilisée telle quelle : les Dokras réalisent donc un mélange avec de la poudre d'encens et du charbon de bois réduit en poussière. La cire mélangée à de l'eau est mise à chauffer puis l'encens et le charbon sont ajoutés : les justes proportions sont le résultat d'un savoir ancestral qui se perpétue oralement. De même, la durée de cuisson est question d'expérience : le responsable de l'opération prélève quelques gouttes du mélange, le fait refroidir dans ses mains, le teste afin de vérifier la qualité de la texture. Le mélange cireux doit être souple, malléable, avoir une certaine élasticité propre au travail de l'artiste. Une fois la bonne consistance atteinte, la préparation est filtrée pour éliminer toutes les impuretés indésirables qui nuirait à l'homogénéité de la matière, à travers un tissu en coton, dans une bassine remplie d'eau froide : une plaque de cire se forme à la surface de l'eau.
Le travail de la cire : la statue prend forme
Cette plaque de cire va elle aussi faire l'objet d'une préparation avant d'être mise en œuvre : elle sera, pour une partie, séparée en plusieurs bandes de cire de largeurs et épaisseurs différentes qui seront utilisées pour la réalisation des grandes surfaces de la statue telles que les jambes d'un éléphant, le torse d'une personne ou divinité, le corps d'un bol…. toutes les parties d'une statue qui ne demandent que peu de détails. Par ailleurs, la cire va être aussi longuement travaillée pour obtenir des fils de cire de différents diamètres : le processus est manuel, une sorte de boudin de cire est préparé puis extrudé à travers un grille métallique percée de trous (de différentes tailles suivant les besoins). Les Dokras disposent encore aujourd'hui de matériel rudimentaire pour cette opération qui demande un grand effort physique et est réalisée à la seule force des bras !
La sculpture en cire
Cette technique de sculpture à base de fils de cire fait partie des spécificités de l'art Dokra : à ce stade commence véritablement le travail d'orfèvre de l'artiste Dokra. Disposant de fils et de bandes de cire, il va commencer à en recouvrir progressivement le modelage en argile. Ainsi on reconnaît facilement de nombreuses statues Dokras à l'aspect extérieur qui montrent une juxtaposition ou un enchevêtrement de fils.
Progressivement le modelage laisse la place à la statue, les fils sont enroulés sur le pourtour, différents éléments sont ajoutés : une anse à un pot, la coiffe d'un femme, des bijoux, la décoration d'un instrument de musique… Il est merveilleux de les voir travailler, ajouter un détail, corriger une imperfection, une expression ,.. de voir petit à petit l'œuvre prendre sa forme finale.
Ce qui est fascinant, c'est de constater que ces œuvres dont la beauté est frappante, sont principalement façonnées avec les mains qui possèdent une extraordinaire dextérité. Les Dokras malaxent la cire, la tordent, la triturent pour obtenir la bonne forme, la bonne longueur : la cire semblent leur obéir et prendre toutes les formes qu'ils désirent.
Les Dokra utilisent donc très peu d'outils : un couteau pour sectionner les fils ou bandes de cires, un tison pour coller des morceaux ensemble, ajuster un détail, une lame pour effectuer une décoration sur un habits (fleurs, motifs géométriques….).
Les fils sont utilisés tels quels, enroulés autour du modelage (ils vont former un pagne…) mais préalablement ils peuvent aussi être entremêlés, tressés comme pour la réalisation de bijoux, colliers, décorations de piédestal... la variété d'utilisation est large et dépendant de l'habileté et de la créativité de l'artiste.